Les volailles du Mans :

tantôt objet de convoitise des grands gastronomes, tantôt sources d'inspiration des plus grands écrivains Français !

Références historiques

En 1555, Pierre Belon indique dans son ouvrage intitulé « L’histoire de la nature des oiseaux » que « Les gros chapons du Mans sont estimés, tendres et de bon manger en tout lieu du royaume de France ».

 

En 1600, dans son livre « Théâtre d'agriculture et mésange des champs », Olivier de Serre présente les avantages de la basse-cour en élevant et sélectionnant certaines races de volailles. Il évoque déjà la réputation de la "poule du Mans".

 

Dans toutes les éditions du dictionnaire de l’académie française, la poularde du Mans entre dans la définition du mot poularde !

 

Références gastronomiques

Quand les plus grands gastronomes donnent leur avis…

Grimod de la Reynière

(1758 -1837)


"Il faut convenir cependant que le pays de Caux, le Maine et la Flèche, sont en possession de nous fournir les meilleures pièces en ce genre.

 

Rien n’est au-dessus d’un coq vierge du pays de Caux, d’un chapon du Mans et d’une poularde de la Flèche".

Manuel des Amphitryons, 1808

Jean Anthelme Brillat-Savarin

(1755 -1826)


" Trois pays de l’ancienne France se disputent l’honneur de fournir les meilleures volailles, à savoir : le pays de Caux, Le Mans et la Bresse. "

Physiologie du goût, 1825

 

Les volailles du Mans dans les livres de cuisine : poulets, poulardes et chapons du Mans sont mentionnés déjà dans les premiers ouvrages traitant de l’art de la cuisine française.

Références littéraires

Quand la gastronomie rejoint la littérature…

Paul Scarron

Ecrivain du roi Louis XIII

(1610 -1660)


Les indigènes que Scarron préféra à tous les autres, ce furent les chapons : de ceux-là il ne dit jamais de mal.

Plus tard, à Paris, malade, cloué sur son petit fauteuil, quand il en recevait un en directe provenance du Maine, quelle joie et quelle adoration !

 

Le jour où il déballa devant ses amis émerveillés « six vénérables 
corps », bravement lardés. 

Frais et friands, gros et gras, beaux et bons', le paralytique, ù qui il ne restait de vaillant que la langue et l'estomac, goûta un des rares bonheurs qu'il pût encore apprécier. 
La patrie des chapons est naturellement la patrie des gourmands 3.

 

Scarron nous décrit avec précision quel était l'accoutrement des élégantes du Mans dans l’extrait ci-contre de l’un de ses ouvrages : Œuvres 1648 -1651

« Comme durant la canicule,

Qu'à la cave même l'on brûle,

Elles portent panne et velours

Comme descendent de leurs têtes

Des moustaches de cheveux gras

Qui sont plus longues que le bras

Que sur elles blanche chemise

N'est point que de mois en mois mise,

Et qu'elles prennent seulement

Le linge blanc pour l'ornement ;

Comme rarement chausson chausse

Leur pied que grand pont-levis hausse »

Jean de La Fontaine

Le Faucon et le Chapon Fable 21 du livre VIII


« Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ; ne vous pressez donc nullement ; ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m’en, que le chien de jean de nivelle.

 

Un citoyen du Mans, chapon de son métier, était sommé de comparaître par devant les lares du maître au pied d'un tribunal que nous nommons foyer.

 

Tous les gens lui criaient, pour déguiser la chose, « petit, petit, petit ! » mais, loin de s'y fier, le normand et demi laissait les gens crier. « Serviteur, disait-il ; votre appât est grossier : on ne m'y tient pas, et pour cause. »

Cependant, un faucon sur sa perche voyait notre manceau qui s'enfuyait :

Les chapons ont en nous fort peu de confiance, soit instinct, soit expérience.

Celui-ci, qui ne fut qu'avec peine attrapé, devait, le lendemain, être d'un grand soupé, fort à l'aise en un plat, honneur dont la volaille se serait passée aisément.

L’oiseau chasseur lui dit : « ton peu d'entendement me rend tout étonné. Vous n'êtes que racaille, gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.

Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.

Le vois-tu pas à la fenêtre ?

Il t'attend : es-tu sourd ? Je n'entends que trop bien, repartit le chapon ; mais que me veut-il dire ? Et ce beau cuisinier armé d'un grand couteau ? Reviendrais-tu pour cet appeau ? Laisse-moi fuir, cesse de rire de l'indocilité qui me fait envoler lorsque d'un ton si doux on s'en vient m'appeler.

Si tu voyais mettre à la broche tous les jours autant de faucons que j'y vois mettre de chapons, tu ne me ferais pas un semblable reproche. »